vendredi 23 novembre 2012

La fin est proche


"La fin est proche"


Une fois n’est pas coutume, je vais analyser ma propre phrase, celle que m’a inspirée la perte du triple A français. Elle est malheureusement la seule réponse que j’ai trouvée à de nombreuses questions. Pourquoi la situation ne fait qu’empirer? Quel est l’objectif des agences de notations? Quels sont les véritables enjeux autour de la BCE? Dans quel camp joue Merkel? A toutes ces questions, on nous apporte pourtant déjà une réponse: La dette. Mais plus la crise dure, plus cette réponse paraît courte. Une réponse facile provenant d’un monde qui a toujours considéré la vérité trop complexe ou trop cynique pour être partagée. D'un monde d'autant moins crédible que ses profits sont en jeu.

Le gouffre sans fond de la dette
Et si l’enjeu n’était pas la dette, mais uniquement les intérêts de cette dette? La dette n’est qu’un stock mis à disposition des prêteurs par les banques centrales et qui se renouvelle en permanence. Alors que les intérêts, eux, sont une charge qu’il faut payer sur le budget de l’Etat, par nos impôts. On pourrait légitimement croire que c’est la même chose, que les deux évoluent en même temps, qu’ils sont indissociables. Dans ce cas effectivement, la dette serait une réponse acceptable. Mais alors pourquoi les intérêts augmentent au fur et à mesure que s’engagent les réformes et les programmes de réduction de la dette?

Prenons le simple exemple de l’Espagne. L’Espagne sous son programme d’austérité a réduit ses dépenses de 20 milliards. Le résultat ne s’est pas fait attendre : les intérêts de sa dette ont augmenté de 20 milliards. Pourquoi? Parce que ses fondamentaux ne sont pas bons, parce que la récession guette? Oui, peut-être. Mais peut-être aussi tout simplement parce que les marchés n’ont aucun intérêt à notre désendettement. Quel investisseur se battrait réellement pour réduire sa rémunération surtout lorsque celle-ci est garantie? Les marchés n’ont en vérité aucune envie de voir baisser les intérêts que nous leur payons. Bien sûr ils n’ont rien à gagner à tuer la vache à lait, mais sont-ils capables de s’arrêter à temps et qui nous dit que l’optimisation est atteinte, que des relais de croissance des intérêts ne sont pas encore possibles, notamment par prélèvement sur les budgets sociaux des États?

A grands coups de dérégulation et de plans de relance bancaire, la finance représente aujourd’hui 240.000 milliard de dollars à l’actif des organismes financiers, auxquels doivent s’ajouter l’ensemble de titres détenus par les entreprises, par les particuliers, soit le double. Tout ceci représente plus de huit fois le PIB mondial (60.000 G$). Cela veut dire que nous avons d'avance valorisé et vendu les huit prochaines années de production de toute la planète. Chaque fois qu’un dollar est produit, la finance en génère aussitôt huit autres. C’est ce qu’on appelle l’effet de levier. Et cet argent créé ex-nihilo demande à être rémunéré. Il est là le vrai danger, la vraie fin du monde. Le jour où tout le PIB mondial, la création de richesse de sept milliards d’individus ne suffira pas à payer les intérêts du pari que nous avons pris sur l'avenir .

Aujourd’hui le PIB mondial ne représente déjà plus que 12% des actifs financiers et quelle que soit la situation économique, il est dorénavant impossible à la finance de voir baisser ses revenus, tout notre modèle de société en dépend. C’est pour cela que la charge de la dette ne baissera pas, quelles que soient les réformes et quel que soit même le niveau de la dette.

Le maintien de cet équilibre passe par les taux intérêts et les agences de notation. Rappelons-nous bien que ces agences sont au service des marchés financiers, elles ne sont pas au service des États. Elles ne notent pas l’économie ou la solidité d’un pays mais uniquement sa capacité à dégager une part toujours plus importante de son budget au paiement des intérêts. Partout où des réformes de structure sont engagées, les agences menacent ou dégradent les pays contribuant ainsi à ce que les économies à venir soient reversées immédiatement aux marchés par une hausse des taux. Les réformes de structure exigées par la finance visent surtout à lui donner accès au dernier grand pactole qu'est l’argent de la protection sociale.

Le ralentissement mondial ne fait qu’accentuer cette irrésistible pression car chaque dollar perdu doit être payé 8 fois et à défaut d’accéder à l’argent de la protection sociale, les marchés exigent les clefs du coffre-fort, la BCE. Des clefs que Merkel tient encore entre ses mains. Mais ça, c’est une autre histoire...


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14 commentaires:

  1. Etre endetté est une situation de faiblesse, la question ne porte pas seulement sur le poids des intérêts de la dette sur les budgets nationaux. Un roll-over à taux zéro ne résoudrait rien, et qui accepterait de prêter sans rémunération ? (sauf à créer de la monnaie, autre débat). Puisque nous sommes si faibles, la moindre des choses serait de savoir précisément quels sont nos créanciers. Et bien, c'est impossible, c'est un secret ! Savoir qu'une démocratie dépend de pays étrangers qui peuvent être tout sauf démocratiques, avoir un regard différent sur certains pays du golfe et éclairer ainsi certains accords internationaux, comprendre pourquoi les Tibétains peuvent se débattre sans que cela ne change rien, apparemment ce n'est pas souhaitable. En 2010, un député interroge à ce sujet le ministre des finances, la réponse est édifiante : http://www.la-raudiere.com/lng_FR_srub_39_iart_553-Reponse-a-ma-question-au-gouvernement-%20-Qui-sont-les-crean-.html

    Alors comment en sortir ? Tout simplement en utilisant ce qui fait la richesse d'un pays : le bon sens, et l'encouragement des générations futures. Le critère de 3% du PIB est un mauvais critère, le seul bon critère serait l'endettement rapporté au budget de l'Etat, des organismes sociaux et des collectivités. Et là, peut être pourrions nous enfin comprendre combien nous sommes mal barrés ...

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    1. Créer de la monnaie? Après tout cela fait 20 ans que la finance en fabrique par millier de milliard. Pourquoi serait-ce tout d'un coup aux contribuables de payer des sommes tout simplement hors de proportion avec notre capacité à créer de la richesse? Oui le critère des 3% est une simple construction abstraite. Pourquoi pas 5%? Décidément il n'y a pas de problème avant que quelqu'un ne décide qu'il n'y en a un! Bonne réflexion.

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    2. Quand vous devez 1000 euros à votre banquier c'est lui qui est en position de force mais quand vous lui devez 100 millions d'euros c'est vous qui êtes en position de force si vous n'êtiez pas un lâche ou des traitres comme les dirigeants grecs, espagnols, portugais et italien vendus à des banquiers apatrides, qui se moquent totalement de votre peuple, de chez Goldman sachs comme Mario Draghi, Mario Monti et l'ex-premier ministre grec, le bancocrate Luca Papademou!

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  2. "Pourquoi serait-ce tout d'un coup aux contribuables de payer des sommes tout simplement hors de proportion avec notre capacité à créer de la richesse?" - Peut être parce que nous les avons effectivement dépensés, et qu'il aurait fallu y réfléchir avant. Mais puisque l'alourdissement de la dette amenait la paix sociale, quel politique courageux pour s'en occuper à cette époque ? Et quel politique courageux aujourd'hui pour dire enfin franchement comment la réduire ? Et s'il y en avait un, serait il élu ?

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    1. reponse tres tardive...nous les avons dépensés ??? tu es sérieux ?? nous avons dépensé 600 milliards d'euros en 5 ans ??

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  3. c'est bien de jouer les provocations intelligentes (soi-disant);mais le raisonnement ne tient pas la route; quid des baisses de taux récentes sur le 10 ans italien et espagnol, alors que ces pays ont engagés des réformes telles qu'elles devraient faire monter les taux si on suit l'auteur?

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  4. Merci pour votre commentaire. Les taux en question jouent les yoyos. Il n'est pas vraiment possible d'en déduire que la tendance de fond soit baissière. La tendance a une hausse permanent des intérêt peut suivre plusieurs chemins et si je ne me trompe, le MES vient justement d'être dégradé par les agences...assez pour compenser la baisse des taux à 10 ans dont vous faits mention. Peut être est-ce un hasard ou alors une concrétisation de la théorie proposée dans cet article.

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  5. la degradation du MES est logique puisque , du fait de la dégradation de la France, 2ème contributeur derrière l'Allemagne, le quorum des adhérents à triple A n'était pas atteint; celà ne jouera que très peu sur les capacités d'emprunt du MES; et ce qui compte surtout dans ces questions de taux en Italie et en Espagne, c'est la détermination de la BCE, encore rappelée récemment par M.Draghi .

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  6. Le principe de passer par des banques privées pour refinancer les états était un piège à cons, car les banques en fabriquant de l'argent virtuel, pour le privé ou le public, pouvaient récupérer de l'argent réel à travers le paiement des intérêts. Elles ont compris ce principe formidable et grâce à l'intelligence ou à la duplicité de nos hommes politiques, les subprimes étant le couronnement de ce principe, les banques ont tellement gagné qu'elles ont joué à la loterie des marchés spéculatifs mais avec d'autres moyens que les petites agences de spéculation, comme un Kerviel qui jonglait avec 50 milliards sans que ses patrons soient au courant...
    1, les états doivent refabriquer l'argent, 2-ils doivent tirer un trait sur leurs dettes vis à vis des banques, sinon le système risque d'exploser plus violemment que dans les années 1930 ... et le record de morts sera battu.

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    1. J'aime beaucoup votre image selon laquelle les taux d'intérêts seraient le tuyau par lequel les marchés financiers aspirent nos impôts! Un tuyau gracieusement mis à disposition par les banques centrales.

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    2. L'argent est l'huile qui permet au moteur économique de tourner. Sa fabrication depuis plus de trente ans passe par l'emprunt avec intérêts aux banques privées. Comme le capital remboursé est détruit, cela irait bien s'il n'y avait pas l'intérêt... par contre l'argent des intérêts, lui, n'existant pas, il va falloir le chercher dans la poche d'autres par 36 méthodes(travail, export ...), faire de la croissance...
      Et les millions d'emprunteurs privés ou publics vont générer des milliards d'intérêts. Et comme l'état doit remettre de l'huile dans le moteur, il emprunte, et on s'endette encore plus. C'est un système mis en place par des hommes politiques hyper-diplomés qui est gagnant gagnant pour les banques.
      Il manque de l'argent dans tous les pays, et pourtant il existe par milliards, comme vous l'avez chiffré, mais il spécule pour des actionnaires qui utilisent leurs grosses entreprises comme des pompes à fric...
      JP. Rougier

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    3. Vous avez raison. N'oublions pas que c'est effectivement une décision politique qui a obligé les Etat à se financer sur les marchés. Auparavant les banques centrales financaient les investissements à taux zéro et ça marchait très bien. A tout cas bien mieux qu'aujourd'hui.

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  7. La dette est une fiction, une escroquerie... il faut l'ANNULER. Cessez de vous tourmenter pour rien.

    La seule question est de trouver le moyen de tordre le cou aux banksters et aux politiciens complices de ce système.

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  8. Lundi 22 juillet 2013 : Annonce officielle d'Eurostat que la dette européenne s'alourdit encore. Aussitôt l'euro à une nouvelle poussée de fièvre....

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