jeudi 15 novembre 2012

le socialisme de l'offre



"Le socialisme de l’Offre"


Cette phrase du député PS Guedj sur LCP résume assez bien la stratégie de Hollande. Etrange phrase en vérité alors que le PS n’a jamais été adepte de la théorie économique de l’offre. Lui qui vit au contraire dans le dogme de la demande. Ce nouveau concept du socialisme de l’offre peut être alors une vraie révolution intellectuelle à gauche ou bien être autre chose qui n’a rien à voir avec l’économie.

D’ailleurs que valent ces théories du 19ème dans un monde dirigé par une finance insatiable, générant des flux financiers dématérialisés gigantesques, démesurés par rapport à la capacité réelle de création de valeur des moyens de production desquels elle se nourrit. 

Alors pourquoi ce semblant d’adhésion à la compétitivité coût, et avant cela pourquoi aussi avoir cédé aux exigences du très médiatique mouvement des pigeons?
Le socialisme de la hauteur
Aurions-nous un Président hésitant, incapable de décider, comme l’affirme une partie de la droite et des médias regrettant déjà les certitudes de l’Ex? Mais qui peut croire que Hollande, malgré son sourire, soit un imbécile. Alors pourquoi donner cette impression de naviguer à vue? Est-il dépassé ou alors a-t-il bien compris que dans cet environnement insensé, plus personne ne peut se prévaloir de certitudes sur les mesures à prendre. Car de quoi pouvons-nous être encore certains, à part bien sûr que la reprise ne viendra pas de France ou de ses mesures fiscales, ni d’une compétition intra-européenne acharnée. 

Hollande l’a répété souvent et avec une grande sincérité. Pour lui le plus grand danger, peut être le seul, est bel et bien le risque d’un déchirement de la société. Ce risque de déchirement qu’il a souvent reproché à Sarkozy d’avoir d’abord exacerbé puis d’avoir érigé en stratégie politique. Ce risque réel de déchirement alors que s’effondrent tous les repères, que disparaissent toutes les illusions, que monte la colère en Europe. 

L’attention qu’il porte alors au climat politique, médiatique, l’oblige à rechercher en permanence un équilibre acceptable. Hors de question pour lui de rester droit dans ses bottes. Il est essentiel de désamorcer toute crise au plus vite, quitte à laisser croire qu’il cède à la pression médiatique. Et je crois que c’est sous cet angle qu’il faut comprendre son intervention et ses décisions. Sous l’angle d’une obligation à trouver un compromis d’autant plus nécessaire qu’il sait que le procès en légitimité auquel est soumis son gouvernement n’est pas terminé. 

Sa conférence de presse ressemblait davantage à exercice de rattrapage aux branches plutôt qu’au récit d’un plan minutieusement préparé à l’avance. Et pourtant s’étale la satisfaction des médias, du patronat et même d’une partie de la droite. Cette satisfaction montre bien que l’attente n’était pas d’avoir des réponses mais uniquement d’être rassurés. Et cela Hollande l’a bien compris. Rassurés, alors que la Grèce, l’Espagne et le Portugal ont déjà basculé dans le désespoir et la violence, rassurés alors que Merkel sillonne l’Europe promettant expiation et baisses de salaires, rassurés alors que la troika FMI, BCE, CE exige et obtient toujours plus de noms de fonctionnaires à licencier, rassurés alors que les responsables de la crise semblent en tirer de nouvelles forces. Rassurés alors que lui-même qui nous avait promis de changer l’Europe libérale semble avoir été rapidement vaincu par son pouvoir écrasant. Oui nous rassurer semble être dorénavant la seule priorité, la seule qui vaille, le seul enjeu et notre seule attente.

La question est de savoir combien de temps il faudra tenir. Ça dépendra du temps qu’il faudra au monde pour retrouver un équilibre. Ça dépendra aussi de l’attitude de l’opposition. Cherchera-t-elle la vengeance ou verra-t-elle un Président capable de compromis? Ça dépendra aussi des médias. Retiendront-ils un grand homme politique ou un personnage faible dans ses convictions?

Ça dépendra de Hollande. Mais plus ça durera plus ce sera difficile. Mais au moins il est conscient de l’enjeu et je suis convaincu que s’il le faut vraiment il sera même prêt le moment venu à reconnaître des qualités à Sarkozy et à la droite. C’est dire si la gauche n’a pas fini de manger son chapeau. C’est aussi dire si la situation est encore plus grave qu'on ne le croit.


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5 commentaires:

  1. La crainte d'une société qui se déchire semble bien se réaliser. Du moins à droite. Mais la gauche n'est pas bien loin avec les verts et le PC qui se radicalisent tout autant.

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  2. en admettant que le comportement de Hollande soit celui du Père de la Nation qui cherche par tous les moyens à ce quene se déchire pas le tissu fragile de la société francaise , ce serait tout à son honneur, mais celà reste à démontrer; il se veut rassurant dîtes-vous; alors il s'y prend bien mal, et je crains que ses hésitations, circonvolutions, allers-retours permanents, aient plutôt l'effet contraire; et on ne peut pas dire qu'il n'est pas aidé par une opposition engluée dans sa guerre de succession.

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    1. Par exemple le refus de l'expropriation de Florange peut être vue dans un sens comme dans l'autre. Tout dépend de notre lecture. Mais le résultat est néanmoins un compromis. Le danger des compromis est qu'ils ne satisfassent personne.

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  3. sur le cas précis, l'expropriation était une idée folle, et je suis certain qu'elle n'a jamais eu l'aval de Hollande; mais à vouloir faire mine de céder au lobby lorrain,en laissant agir Montebourg puis de (faire )trancher comme on sait (heureusement), enfin ne pas assumer complètement en soutenant mordicus son ministre, et en n'écartant pas cette menace dans l'avenir au cas où (alors que tout le monde sait que c'est une posture), bref en faisant la girouette, il perd toute crédibilité, et dans tous les camps politiques.
    Cette affaire est un cas d'école.

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  4. 14 janvier 2014. Ça y est, la gauche a mangé son chapeau...

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