lundi 3 décembre 2012

En France nous favorisons le refus du risque



"En France, nous favorisons le refus du risque"


Cette phrase de Louis Gallois lors d’un échange dimanche sur LCP soulignant la fiscalité plus avantageuse de l’assurance vie en euro, le placement préféré des français, par rapport à celui en unités de compte, plus risqué. Partant de cet exemple fiscal, Louis Gallois en tire une société marquée par le refus du risque. Et c’est cette aversion au risque, subventionnée par l’Etat, qui contribue à fragiliser notre société et ses individus. Une extrapolation osée mais intéressante car il existe effectivement une règle commune aux sciences économiques et aux sciences naturelles. Cette règle ce n’est pas l’efficience, ce n’est pas non plus l’individualisme, ces deux dogmes prétendument naturels qui n’ont servi qu’à promouvoir l’inaction et la paresse intellectuelle ; non, ce qui lie l’économie et la vie c’est le risque.


Plus exactement le rapport entre le risque et la rentabilité. Un couple indissociable. On le retrouve partout, dans chacune de nos actions ou de nos inactions. C’est bien par la prise de risque que la nature a évoluée, c’est aussi par la prise de risque que chaque individu progresse dans sa vie personnelle et professionnelle et c’est bien la prise de risque financier qui est censée être rémunérée. 

Prendre un risque
La capacité à prendre des risques. Cette valeur présentée comme suprême par le patronat, qui justifie tous les passes droits, qui excuse tous les excès, qui pardonne toutes les faiblesses, nous en serions donc insuffisamment pourvu. C’est parce que nous ne prenons pas assez de risques que tout va si mal. Il faut donc favoriser la prise de risque. Mais ceux qui poussent dans ce sens ont la fâcheuse tendance à négliger que le risque suppose l’espoir d’un gain, d’une satisfaction, d’une vie meilleure. Sinon il perd son sens.

La prise de risque est un arbitrage entre ce que nous craignons de perdre et ce que nous espérons gagner. Ça peut être aussi une envie, un tempérament, mais c’est avant tout un choix. Prendre un risque est rentable, mais demande toujours un minimum de confiance dans l’autre et l’espoir d’un enchaînement logique des évènements. Et c’est là que le bât blesse. Si nous pouvons encore croire en notre connaissance de nous-même et des autres, quelle confiance pouvons-nous accorder à une économie toujours plus contradictoire, à une fiscalité toujours changeante, à une bourse qui utilise les mêmes arguments pour justifier les hausses et les baisses, à des élites qui n‘offre que la précarité comme réponse au chômage, à un monde où certains savent tout et les autres rien.

C’est justement parce que beaucoup n’ont pas pris les risques de certains que la situation n’est pas pire encore. Notre aversion au risque ne traduit pas une société frileuse dans son ensemble mais une société qui a perdu confiance dans ses politiques, dans ses médias, dans ses banques, dans ses entreprises. Dans un tel environnement c’est justement de ne pas prendre de risque qui est naturel et réclamer des gens qu’ils en prennent est aussi inutile que de réclamer leur amour. Dernier détail, le respecté Gallois n’avait pas fini sa démonstration que déjà l’interrompait le représentant du crédit agricole pour en déduire la nécessité d'une baisse de  rémunération du livret A…Voilà de quoi nous redonner confiance.

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 Photo: Xavier Duquesne (R) 


5 commentaires:

  1. Le plus beau risque de votre vie ? ;-)

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  2. Qui ne risque rien n'a rien...

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  3. Juillet 2013, les banques obtiennent satisfaction : 10 % des livrets A et LDD leur seront transmis pour leur fonds propres. Elles obtiennent aussi une baisse de la rémunération à 1.25%.
    http://www.boursorama.com/actualites/les-banques-vont-recuperer-une-partie-de-la-manne-des-livrets-d-epargne-1ca72facd093dbb9c873b8c8701adfd7

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  4. Risquez Risquez..
    Au fait, c'est pour qui la facture de Dexia ?
    pour qui les parachutes dorés ?

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  5. Hé oui eux n'ont plus besoin de prendre de risque, ils sont devenus trop "importants" pour cela.

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