lundi 26 novembre 2012

Nos conseillers ne sont pas incites financierement



« Nos conseillers ne sont pas incités financièrement ».



Vous avez vu cette phrase qui s’étale depuis peu sur les écrans pour le crédit agricole. Peut-être avez-vous également ressenti que quelque chose n’allait pas avec cet exercice de communication. Une surprise, un doute, une gêne même. Ne cherchez plus, ce que vous avez ressenti c’est la perfidie. Et la perfidie c’est justement l’art de tromper sans en avoir l’air. Mais pour cela encore aurait-il fallu commencer par ne pas trop en faire.

Et le trop est justement dans la phrase : «Nos conseillers ne sont pas financièrement incités à proposer un produit plutôt qu’un autre». Pourquoi avoir précisé «financièrement»? Qu’apporte donc ce mot à la démonstration? Il n'est pas inutile. Il veut juste dire que ces braves employés ne reçoivent pas de prime. C’est probablement vrai. Mais gare à celui qui ne tiendra pas ses objectifs de vente! Celui-là n’est pas prêt d’être promu ou de voir sa demande de mutation acceptée. Il y a tant de manière « d’inciter » les gens sans leur verser un pourcentage des ventes. Et c’est cette grossière ficelle sémantique qui lève le voile sur le vrai message.

Ça trompe énormément
En mettant en avant ses employés de guichet, le message du crédit agricole est clair: culpabiliser tous ceux, et ils sont nombreux, qui considèrent les banques comme responsables de la crise, comme des institutions avides guidées par le seul souci de maximiser leur milliards, de vampiriser tout ce qui passe à leur portée, de diriger l’économie à courte vue. A tous ceux-là, le crédit agricole dit : «regardez-bien sur qui vous médisez, ce sont des gens honnêtes, qui aiment leur travail et le font avec beaucoup de simplicité. Alors pourquoi tant de haine, ce sont des gens comme vous, c’est vous !». Il ne manquait plus que des enfants et des petits chats.
Pourtant ce ne sont pas ces employés qui sont visés. Non, ceux qui sont visés par cette accusation devenue légitime des institutions financières, ce sont les traders, ce sont les dirigeants, ce sont les fonds cachés dans des paradis fiscaux, ce sont tous ceux qui se gavent de bonus indécents. Mais ce n’est pas cette partie d’elle-même que la banque met en avant. Au contraire, elle nous montre de simples employés qui justement n’ont pas droit aux bonus, aux primes. Elle nous montre de simples employés susceptibles eux aussi de perdre leur travail à la première moins-value.  
 
Pour masquer ses dérives, la banque se cache derrière ses éléments les plus fragiles. Elle s’approprie leur innocence. Elle nous les désigne. Elle en fait des otages. Elle est là la perfidie: nous désigner qui seront les victimes si nous ne changeons pas d’opinion sur les banques. Ce n’était pas la peine de dépenser tant d’argent, nous le savions déjà.




1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Merci pour ce billet.

    "Et c’est cette grossière ficelle sémantique qui lève le voile sur le vrai message."

    Eh ! oui.. c'était "le bon sens près de chez vous"
    Mais combien font l'effort de changer de banque ? il y en a quand même de moins "requins" que d'autres...

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